vendredi 3 avril 2009

Les Murènes

Les Murènes (Muraenidae) sont présentes dans toutes les mers du globe, à l’exception des régions polaires. Elles trouvent refuge dans des trous ou crevasses et en sortent rarement le jour. C’est donc la nuit que la murène est active et chasse, en recherche de crustacés, mollusques, petits poissons ou céphalopodes.

Les murènes se reproduisent entre Juin et Septembre. Leurs œufs flottent à la surface de la mer jusqu’à éclosion. Elles n’ont pas de nageoire pectorale mais possèdent des nageoires dorsales et caudales très développées. Leur style de nage ressemble énormément à celui des serpents. Elles peuvent même se déplacer en marche arrière pour regagner son trou. Il m’est arrivé d’en voir sortie jusqu’à la pointe de la queue. Dépourvue d’écaille, leur peau est recouverte d’un mucus protecteur qui rend leurs déplacements plus aisés. Elle nage toujours sur le fond et à ma connaissance elle ne s’aventure pas en plein eau. Si une murène se rapproche de vous et que vous trouviez dans une posture « désagréable », il suffit juste de vous élever de quelques centimètres du fond, elle ne vous suivra pas.

La murène a les ouïes en arrière de la tête, ce qui l’oblige la plupart du temps à ouvrir la bouche pour s’oxygéner et lui donne ainsi cet air de « viens-pas-trop-prêt ».
Elle est inoffensive pour le plongeur, du moins si effectivement on ne s’approche pas de trop prêt, car elle a tendance « à gouter » ce qui passe à portée de la bouche. Ses dents sont très effilées et ses morsures douloureuses (comme des lames de rasoir).

Il est très fréquent de trouver des crevettes nettoyeuses en compagnie de murènes. Celles-ci se passent bien de les manger puisqu’elles leur sont utiles. En effet la crevette barbier (Lysmata grabhami) joue un rôle important de déparasitage. Ce sont de vraies stations de nettoyage… Pour peu que vous ayez assez de patience, si vous laisser trainer vos doigts près des antennes d’une crevette, elle se familiarisera avec votre présence et pourra même venir sur votre main, histoire de vous nettoyer un peu… Bien que les crevettes barbiers soient hermaphrodites, il n’est pas rare de les observer en couple.

On trouve jusqu’à 5 espèces de murènes sur les sites de plongée de Tenerife. Voici les 3 espèces que j’ai rencontrées sous l’eau jusqu’ici:


La murène brune (Gymnothorax unicolor). Très fréquente aux Canaries, cette murène est la plus grande que l’on a la chance de croiser en immersion. Elle peut atteindre 1m de longueur. Peu curieuse, elle se laisse approcher sans crainte.
Sujet idéal pour les photographes, la murène brune aime prendre la pause. Elle aurait même tendance à se coller à l’objectif.
Sous l’eau, leurs yeux semblent d’un bleu perçant. Comme ses congénères, il est possible de trouver plusieurs spécimens de murènes partageant le même trou.

La murène tigrée (Enchelycore anatina). Certainement la plus impressionnante des murènes de l’île, elle possède une dentition de science fiction. Sa bouche est démesurée et remplie de dents tellement effilées qu’elles paraissent transparentes. Il est possible de la rencontrer dans des environnements sombres, comme des grottes ou surplombs. Elle peut atteindre une taille d’un mètre mais la plus grande murène tigrée que j’ai rencontrée en plongée mesurait dans les 60cm. Timide, elle disparait entre les rochers si on insiste trop.




La murène noire (Muraena augusti) est l’espèce de murène la plus répandue dans les eaux de Tenerife. Elle fait généralement entre 40 et 60 cm bien qu’elle puisse atteindre le mètre de longueur. Très curieuse, elle n’hésite pas à se rapprocher des plongeurs. Attention à cette espèce, elle semble nerveuse et prête à défendre farouchement son territoire.
En plus d’être munie d’une rangée de dents au niveau des mâchoires, la murène noire est pourvue d’une rangée de dents situées sur le palais. Un redoutable prédateur.

Hors concours, l’anguille léopard (Myrichthys pardalis) est souvent prise pour une murène ou un serpent. Il s’agit bien d’un poisson. Elle respire sous l’eau grâce à ses branchies et n’a nullement besoin de rejoindre la surface pour respirer, comme le font les serpents de mer.
Elle ne fait pas partie de l’ordre murène mais bien des anguilles (Ophichthidae). Il est rare de les rencontrer en plongée, et encore moins le jour. Mais elle aime s’aventurer hors de son trou en fin d’après-midi ou la nuit, en recherche de nourriture.
Inoffensive pour les plongeurs, cette anguille d’une taille maximale de 70cm est la cerise sur le gâteau lors des plongées à Tenerife.


La principale menace pour les murènes est la pêche dite « traditionnelle ». En effet, la taille minimale pour la capture n’est pas réglementée, ce qui laisse malheureusement peu de chance aux juvéniles. Bien que l’on puisse apercevoir des murènes pratiquement à chaque plongée, il est rare de trouver des spécimens ayant atteint leur taille adulte à Tenerife.
L’accessoire utilisé pour sa pêche est appelé « le tambour ». L’image ci-contre montre un exemplaire abandonné depuis longtemps sur le fond rocheux. Lorsque le tambour est en ordre de fonctionnement, il laisse entrer l’animal et l’empêche de ressortir (comme une nasse). Bien que cette pratique de pêche soit interdite près du littoral, on trouve ces tonneaux un peu partout à très faible profondeur... Braconnier ? Vous avez dit braconnier ?

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